Amateur
Awel
Age : 27 Date d'inscription : 30/06/2012 Nombre de messages : 86 Plumes : 306 Réputation : 0
| Sujet: Chapitres 1 à 5 Dim 5 Aoû - 21:36 | |
| Hellow ! Bon et bien je me lance, j'avais déjà commencé à poster ce roman mais à cause de sujets dit "sensibles" je ne pouvais pas continuer sous peine d'être sanctionné -monde cruel-. Je ne peux pas vraiment dire combien de chapitres je mettrai par semaine mais je le ferai assez régulièrement car il faudra que je rattrape tous les chapitres déjà postés sur le site d'origine. Pour celles qui ne peuvent pas -ou ne veulent pas attendre-, voici le lien du site [Seuls les administrateurs ont le droit de voir ce lien]Bonne lecture ! Prologue- Spoiler:
Discrètement et avec l’aisance naturelle d’un prédateur, une ombre se faufila par la fenêtre et vint se fondre dans le décor du parc. Cela faisait bien trop longtemps qu’il n’était pas sorti de sa cage dorée, trop longtemps qu’il n’avait pas put sentir le vent mordre sa chair ou voir l’éclat argenté si envoûtant de la lune. Alors qu’il fait nuit noire, l’ombre se dirige sans hésiter à travers les arbres pour arriver sur un lac à l’étrange éclat lunaire. L’atmosphère y est calme, reposante, pas un bruit à part celui des clapotis de l’eau contre la berge en terre.
- Astre blanc ; Lumineux et éclatant, Tu es, Lune, Notre Dame Fortune, récite avec émotion la voix douce de l’ombre.
Les minutes passent sans que l’ombre ne bouge, émerveillé par les éclats de la lune qui semble descendre et illuminer l’eau claire et limpide du lac. Chapitre 1- Spoiler:
- Prénom.
- Awel...
- Peuple ?
- Le Feu..., soupirais-je.
Voici que j’ai l’impression de passer à un entretien d’embauche alors qu’il s’agit d’un simple contrôle. L’administration ne doit vraiment avoir rien d’autre à faire pour ce genre de chose. Je laisse mon regard dériver sur la porte en bois qui me retient encore dans la pièce, « quelle idée m’a poussée à venir ici ? » commençais-je à me lamenter.
La guerre.
Oui, sans doute est-ce ça, mais qui peut vraiment le dire ? Malgré le fait que je sois ici de mon plein gré ma détermination s’effrite à mesure que les minutes passent et mon envie de liberté me reprend.
- Bien, reprend la voix, vous pouvez rentrer.
Je sors de la pièce sans lui accorder un regard, trop contente de partir. La porte claque derrière moi, je n’y fais pas attention. Je traverse le couloir sur lequel avait débouché la porte sans jeter ne serait-ce qu’un coup d’œil aux alentours, « le temps ne va pas me manquer de toute façon », songeais-je en identifiant la porte de la salle avant d’ouvrir celle-ci brusquement.
« Peut-être que je n’aurais pas dus... »
Le cours s’était brusquement arrêté à mon entrée fracassante ; les élèves avaient tus leurs conversations pour m’observer avec plus ou moins de sympathie selon les personnes. Le flot de parole dispensé par l’enseignant s’était tari aussi sûrement qu’un désert sans eau. Je saluai l’ensemble de la classe avec un sourire nerveux qui fit rire certains et attristèrent d’autre. Autant dire que la classe faisait preuve d’une grande diversité ! Mes yeux parcourèrent fébrilement l’ensemble de la classe à la recherche d’une place libre. La seule de libre était à côté d’un garçon aux cheveux rouges qui arborait fièrement un T-shirt rouge avec une tête de mort et une magnifique veste noire en cuir. J’en serais immédiatement tombé amoureuse s’il ne m’avait pas regardé avec un sourire en coin assez effrayant. Je soupirai en comprenant que je n’allais pas pouvoir rester debout indéfiniment au beau milieu de la classe et me dirigeai donc vers la place à côté du rebelle. Il m’adressa un sourire moqueur, comme amusé de ma superbe performance d’entrée. Ni une ni deux, je le fusillai du regard ce qui le fit éclater de rire, mais heureusement pour nous tout le monde s’était de nouveau remit à parler.
- Quoi, j’ai une carotte à la place du nez ? soufflais-je agacée par son attitude.
- Je dirais plus une tomate à la place du visage, répliqua-t-il caustique.
J’allais laisser tomber quand je me souvins du fait que j’étais nouvelle ici. Pas très joyeuse de devoir lui demander quelque chose, aussi futile pouvait-elle être, je me tournai vers lui.
- Hm, tu sais comment ça se passe ici ?
- Oh, tu dois être la nouvelle chargée de discipline, remarqua-t-il.
- Ouais, soupirais-je en mettant ma tête entre mes bras, la nouvelle chargée de discipline...
Il me fit une petite accolade dans le dos qui faillit bien m’enfoncer dans le bois de la table mais mon camarade ne semblait pas s’en être aperçu.
- Je me sentirais moins seul...
- Tu...
Je clignai des yeux et me redressai vivement sur ma chaise en comprenant qu’il en était lui aussi un, un chargé de discipline.
Je lui adressai un regard éploré, battant des paupières avec une efficacité incroyable qui lui fit légèrement rosirent les joues.
- Je peux rester manger avec toi le temps que...
- Je vais t’expliquer un truc petite, me coupa-t-il, chacun mange avec son groupe. Je le regarda perplexe, pas sûre d’avoir tout compris.
- Heu... Son groupe ?
Il soupira comme si je venais de dire la chose la plus bête qu’il ait put entendre, ce qui ne devait pas en être loin.
- Ouais, les chargés de discipline ensemble, les élèves avec les élèves et les Uasal entre eux, m’expliqua-t-il rapidement.
J’allais le questionner à ce sujet, comment me comporter ou parler à un Uasal quand il m’interrompit d’un signe de la main qui voulait apparemment dire « fous-moi la paix maintenant. » OK, mission comprise. Je soupirai et me mis en tête de trouver une occupation et de trouver une autre chargée de discipline parce que j’étais quasiment sûr de manger seule.
- Au faite tu t’appelles comment ? demandais-je soudain à mon compagnon de table.
Il émit un grognement vraiment intimidant mais finit par me répondre, non sans une contrariété d’ailleurs.
- Castiel, grogna-t-il irrité.
Je le remerciai d’un signe de tête et sortis aussitôt que la sonnerie me le permit. Perdue dans les immenses couloirs de la bâtisse, je me sentis toute petite au vu de la hauteur phénoménale du lieu. Je déglutis en me faisant la réflexion que la personne qui devait accrocher des banderoles ne devait pas avoir le vertige. Mes pensées m’ayant totalement déconnecté de la réalité, je ne vis qu’au dernier moment une jolie blonde me rentrer dedans. Chapitre 2- Spoiler:
Le choc fut assez brutal mais la douleur pas suffisamment violente pour que je reste sur le sol. Je passai une main sur mon visage douloureux pour examiner les dégâts mais je n’avais rien, rien qui me fasse passer par l’infirmerie en tout cas. Je me relève et tends la main à la fille que j’ai malencontreusement bousculé pour ne pas dire percuter. Elle s’appuie sur la main tendue et se relève aussitôt. Le souffle me manque en la voyant ; malgré ses longs cheveux blancs argentés quelque peu emmêlés à cause de l’accrochage que j’avais pris pour blonds et de ses vêtements un peu froissés sa beauté est indéniable. Les yeux d’un marron clair ambré pétillent d’une joie enfantine s’harmonisant parfaitement bien avec les traits fins et délicats de son visage.
- Je... Pardon, bredouillais-je les yeux ronds.
Elle éclata d’un rire franc, clair et cristallin qui résonna dans l’immensité vertigineuse du couloir.
- Ce n’est pas grave ! me pardonne-t-elle avec le sourire.
Elle plisse les yeux en me détaillant du regard, comme si elle avait oublié quelque chose d’important mais qui ne lui revient pas.
- Hé mais tu es la nouvelle ! s’écrit-elle finalement.
J’ouvre la bouche et la contemple avec une certaine perplexité.
- Euh... Oui, je me prénomme Awel. Tu n’aurais pas vu une chargée de discipline dans les parages ? demandais-je avec espoir.
Son sourire s’élargit et fait maintenant toute la largeur de son visage.
- Tu en as trouvée une ! D’ailleurs je m’appelle Rosalya mais appelle moi plutôt Rosa, comme tout le monde.
Je soupire de soulagement sentant mes épaules se défaire de la pression accumulée durant l’heure précédente. Je lui rends le sourire qui illumine son visage.
- J’avais peur de devoir manger toute seule, expliquais-je piteusement. Je sais ça peut être bête mais...
- Tu ne connais personne, complète-t-elle toujours avec un sourire radieux aux lèvres.
J’hoche positivement la tête et me laisse entraîner à sa suite quand elle me prend par le bras pour m’emmener la Déesse sait où. Traversant le bâtiment avec une vitesse impressionnante et une mémoire qui me semble infaillible, elle me relâche seulement le bras pour mettre des papiers dans son casier. Me faisant signe de la suivre, elle nous fait sortir des murs à la hauteur démesurée de la bâtisse dans laquelle j’allais maintenant habiter, un long moment ; Amoris Sweet Academy, ou ASA pour les intimes. Cette académie est spéciale en son genre, à part le fait que le bâtiment ait la stature imposante d’un château et de posséder quelques hectares de terrain dont un parc et une « petite » forêt calme et silencieuse. Réunissant l’élite de l’élite sociale des Peuples, cette académie est le résultat inattendu mais bienvenu des réunions du Parlement qui a prit cette décision pour « faciliter » la paix entre nos différents Peuples. Personnellement ? J’en ai rien à faire mais le fait est que j’ai absolument besoin d’un endroit où rester le temps que la guerre se termine. Bien sûr je serais sans doute plus de ce monde si je devais en attendre la fin mais au moins que les tensions raciales se calmes, s’apaisent.
- Awel, ma chère collègue de travail, je te présente notre sublimissime self ! plaisante Rosalya avec un sourire.
La petite tirade de Rosalya me tire si soudainement de mes pensées que je reste un moment les yeux dans le vague.
- Hm ? tentais-je.
Un soupir faussement indigné jaillit de sa bouche.
- Tu ne m’écoutes donc jamais ? Voici l’endroit où nous allons manger nos repas, ou, plus communément appelé « self », ça ira ?
- Merci mais j’ai vraiment faim, essayais-je de la détourner de l’objectif de me passer un savon.
Elle murmure un simple « suis-moi » et se fond dans la foule dans laquelle je me retrouve soudainement plongée. Un sentiment de panique m’étreint ; la masse monstrueuse d’élèves, l’odeur infecte de la nourriture, l’espace restreint de la pièce, tous ces gens, l’asphyxie me gagne... Je commence à sentir les battements de mon cœur s’accélérer, effrénés, et ma respiration devient saccadée, hachée, sans que je ne puisse y faire quelque chose. C’est alors que l'on me pousse. Oui j’étais restée figée sur le seuil de l’intérieur, oui la panique me submergeait mais ça... La peur, l’asphyxie, cédèrent leur place à la colère, une rage noire. Furieuse, mes nerfs lâchèrent et je plaquai la personne qui m’avait simplement bousculait contre le mur avec une violence inouïe que son corps vint heurter avec un bruit sourd. Autour de nous s’est formé un demi cercle qui attend avidement la suite de notre altercation. Je plaque ma main contre ma bouche pour empêcher l’irrémédiable mais il est trop tard, je sens déjà le feu enflammer le sang de mes veines, me rendant impuissante à maîtriser mon propre corps.
- Hé ! Arrête ! C’est bon je ne voulais pas te vexer, s’écrit celui qui se retrouve victime de ma perte totale de contrôle.
La brûlure est de plus en plus vive.
Indomptable.
Puissante.
Il me faut quelque chose sur quoi me raccrocher et vite sans quoi je risque de perdre complètement le contrôle et là... Ma gorge se serre mais mes muscles ne m’appartiennent déjà plus.
« Ce sont les émotions qui nous caractérisent »
Cette phrase résonne dans ma tête sans pourtant trouver d’écho. La peur me saisit, mais elle n’est pas assez forte pour vaincre la colère, il me faut autre chose, mais quoi ? La colère a renversé le contrôle fragile dont je faisais preuve jusqu’ici, il faut dire qu’avec les changements que j’ai subis ces derniers jours je ne suis pas au top de ma forme, me rendant plus fragile, plus faible face à ce genre de situation. Et cette sensation brûlante qui ne cesse croître. Je lève les yeux et rencontre le regard terrifié des autres élèves de l’académie, ceux que je suis censé surveiller, faire en sorte qu’il n’y ait pas de problèmes, de débordements. Quelle chargée de discipline je fais moi ! Même pas fichue de se contrôler un tant soit peu ! Je baisse les yeux vers mes deux mains brillant d’un feu incandescent qui luit avec une certaine douceur. J’inspire. Expire. Un vent soudain glacé balaye ma colère, je me fige. Une aide extérieure. La brise est aussi froide qu’un zéphyr mais malgré son froid apparent j’en ressens une certaine douceur, comme une caresse sur la peau enflammée de mon corps. Un léger frémissement franchi le seuil de mes lèvres mais pas assez fort pour être entendu. L’intervention miraculeuse m’a aidée, sauvée même. J’aurais bien aimé remercier cette personne mais je ne sais absolument pas qui elle est.
- Tu... Tu peux me lâcher... S’il te plaît ? plaide celui que je maintiens encore contre le mur.
Mes yeux reviennent vers lui. Des cheveux bruns clair trop, banal, pour retenir l’attention, de même pour la couleur fade de ses yeux d’un vert douteux. Dans sa voix l’intonation est si suppliante, implorante que je grimace. De dégoût pour ce que j’ai fait, de la honte que je viens de lui faire vivre et pour le reste des mois à venir sans doute. Je vois bien dans ses yeux larmoyant combien je lui fais peur, qu’il serait prêt à me supplier à genoux de lui laisser la vie sauve. Ecoeurée de moi-même, je relâche la pression exercée sur son corps. Il s’affaisse, lamentablement, durement, sur le sol froid de l’immense réfectoire. Il se relève aussitôt part, court loin de moi. Je ne peux que le comprendre, pour lui je dois être folle. Je relève les yeux, me retourne et constate avec une certaine tristesse que notre « échange » a été suivit de près. Trop près. Il faut que je sois forte, pas que je leur montre la faiblesse dont j’ai pus faire preuve. Me faire respecter.
- Dégagez ! grognais-je d’une voix assez convaincante pour que l’on me laisse tranquille.
L’attroupement murmure, s’irrite, montre sa désapprobation mais finit par partir. Comme toujours. C’est ainsi. En me dirigeant vers la sortie, car après ce que je viens de faire je ne suis pas sûre d’être accueillit à bras ouvert, je croise le regard vairon d’un jeune homme. Je me fige. Paralysée. Mon cœur rate un battement sans que je m’en rende compte mais en cet instant il n’y avait rien de plus important que ses yeux. Lui. Nos regards se croisent, se détaillent, plongent l’un dans l’autre. Ses yeux sont aussi magnifiques qu’attirants, chacun l’opposé de l’autre, chacun possédant son propre charme. L’attraction qu’il me procure a autant d’intensité que la brûlure du feu sur la peau nue et me paralyse. Devant lui j’ai l’impression qu’il lit mon âme, que rien n’a plus de secret pour lui. Et ses yeux... L’un est aussi doré qu’un rayon de soleil, chaud et brûlant. Le deuxième, en total opposition avec le premier a la froideur désespérée de la glace, son immensité et une certaine forme de mystère. Mes yeux ne purent se décrocher de lui, son visage, la finesse délicate dont faisait preuve les traits majestueux de son visage, froids, distants mais quelque chose m’attire, me pousse vers lui-même si je n’ose faire un pas. Je me suis déjà bien assez ridiculisée comme ça, pas la peine d’en faire plus. Il m’observe à son tour, étudiant tout de moi, mes gestes, ma stature droite et fière, mon visage. Ses yeux se posèrent un instant sur mes lèvres avant de remonter, me faire face, droit dans les yeux. Un combat silencieux qui nous fascine autant l’un que l’autre, ne pouvant nous en arracher. Subjugués, indécis, nous n’arrivons à nous y résoudre. Comme si rompre le contact allait nous séparer, nous brûler du vide causé par l’autre.
- J’ai comme l’impression que tu as attiré l’attention du Prince, observe avec calme la soudaine voix de Rosalya.
Je me détourne du jeune homme, l’intervention de Rosalya ayant rompu le charme de l’instant je reprends peu à peu mes esprits. Nous sommes à nouveau libre, ce lien qui avait semblé nous unir a disparu, ne laissant qu’une faible déchirure dans mon âme.
- Le Prince ? répétais-je perplexe.
Les yeux ambre si joyeux et si doux de ma nouvelle amie se posèrent sur moi avec un sérieux pesant qui me fit frissonner.
- Le Vampire. Chapitre 3- Spoiler:
- Un Vampire ? repris-je incrédule.
Ses yeux se firent plus doux.
- Oh tu ne savais pas ?
Je clignai des paupières, un peu perdue à cette nouvelle singulière.
- Je savais juste pour les Peuples, mais les Vampires... j’écarquillai les yeux sur la fin de ma phrase encore surprise de savoir que les Vampires avaient intégrés l’académie.
Elle me donna une petite tape amicale dans le dos et sourit.
- C’est que le directeur ne voulait pas risquer de perdre la seule ayant bien voulu accepter le poste, déjà que tout le monde est occupé à cause de la guerre, alors des Vampires... elle soupira. Tu imagines bien la suite.
J’approuvai, elle avait raison sur ce point. Aucune personne, saine d’esprit, n’aurait accepté ce poste s’il avait été mentionné le mot « Vampire ». Personne à part moi bien sûr. Je me fiche comme d’une guigne de savoir que je vais devoir gérer des Vampires en furie, devoir calmer des Elfen en délire aduler les Uasal, ou Vampires si vous préférez le tout en suivant les cours. Un sourire prit naissance sur mes lèvres légèrement roses, cette année allait se révélait pleine de rebondissement. Une bonne année en perspective.
- Allez viens on va manger dehors, ça nous évitera certains... Désagréments, proposais-je
- Let’s go ! reprit-elle avec la joie qui semblait la caractériser.
Nous partîmes en rigolant du réfectoire mais je sentais un regard dans mon dos et frissonna sans prendre la peine de me retourner. Ma nouvelle amie et moi avions trouvé un coin tranquille sans personne sur un carré d’herbe. Rosalya, très organisée, me donna une boîte qui contenait de la nourriture.
- J’étais sûre que tu ne saurais pas quoi prendre, m’expliqua-t-elle.
Je rigolai sous le regard amusée de la chargée de discipline avant de me rejoindre elle aussi. Nos éclats de rire prirent fin quelques minutes après, quand tout fut calme, nous pûmes enfin commencer à manger.
- Qu’est-ce qu’il a de si particulier ce Prince ? interrogeais-je mon amie.
Elle finit sa bouchée et me répondis aussitôt
- C’est le Prince de l’Air, il est très... Distant.
- Ah ? fis-je surprise.
Elle opina du chef et continua.
- Je ne l’avais jamais vu s’intéresser à qui que ce soit... Tu dois avoir quelque chose de spécial.
Je secouai la tête, un peu perdue.
- Oh pas grand-chose !
- En tout cas, tu as attiré son attention... reprit-elle.
- Peut-être parce que je suis nouvelle ? tentais-je vainement.
- Pour rester ainsi fixé sur toi ? Impossible, c’était trop intense.
Je rougis en comprenant qu’elle avait surprit notre petit échange visuel.
- Vous vous dévoriez des yeux ! rajouta-t-elle avec un sourire ravi.
Je cachai soudainement ma tête entre mes mains, rouge tomate et entendis le rire clair de Rosalya résonner à mes oreilles.
- Nous ne nous dévorions pas du regard comme tu peux le penser mais nous nous détaillons du regard, comme l’aurait fait un adversaire, protestais-je.
- Hm, hm, répondit-elle peu convaincue.
Je soupirai et secouai plaintivement la tête.
- De toute façon tu vas bien le revoir ton beau Vampire.
- Hein ?!
Je me relevai soudainement les yeux écarquillés et paniqués. Mon amie rigola de me voir dans un tel état de détresse.
- Quoi ? Comment ça le revoir ? Quand ? demandais-je un brin paniquée.
- Ce soir, m’apprit-elle, après tout tu es nouvelle et en tant que chargée de discipline tu dois les rencontrer. Tous.
Je déglutis difficilement et chercher dans ses yeux ambre la moindre trace d’un humeur très peu conforme au mien mais ne trouve rien de plus que le sérieux. Je n’arrive pas à le croire. Je panique.
- Mais, mais...
- Si tu bafouilles comme ça c’est sûr qu’il ne vas pas te re dévorer des yeux, me taquine-t-elle.
Malheureusement pour elle, et heureusement pour moi, je ne l’entends pas, l’esprit bien trop empêtré dans un maelstrom d’émotion pour le moment. Le revoir... L’image soudaine de son visage m’apparaît, captivant toute l’attention de mes pensées, prise au piège par ses yeux. Ensorcelants. Magnifiques. Je secoue nerveusement la tête espérant me défaire de lui et de ce sentiment si inhabituel qu’il fait naître en moi.
- Enfin, pour ça il faudrait déjà que tu survives à cette première journée, commente soigneusement Rosalya.
Je lève la tête vers elle le visage blanc de toute trace de gêne embarrassée ayant disparu avec mes pensées.
- J’apprécie le réconfort, marmonnais-je en me levant.
Mon amie rangea nos boîtes et se relève à son tour. J’attendis qu’elle finisse de lisser les plis froissés de son uniforme en chantonnant une chanson que l’on me chantait quand j’étais petite et sentis une larme couler sur ma joue.
L’émotion.
Je la séchai aussitôt et rencontrai le regard doux de Rosalya. Je serrai les dents en espérant qu’elle n’allait pas me poser la question habituelle dans ce cas : « pourquoi tu pleures ? ».
- Tu n’as pas encore d’uniforme, non ?
Je soufflai, doucement et je me sentis mieux, elle n’avait rien dit. Elle avait dut comprendre que même si elle ne m’aurait pas demandé je ne lui aurais rien dit. Il valait mieux qu’elle ne sache pas. Pas encore du moins.
- Parce qu’il en faut un ? demandais-je surprise.
- Tu fais quelle taille ?
- Je peux allez le chercher aussi, répliquais-je vexée.
Elle rigola avec sincérité.
- Moi j’ai le temps d’aller le prendre alors que toi tu dois aller voir les Vampires ce soir, tu n’as quand même pas oublié ce beau Lysandre tout de même ? me taquina-t-elle avec humour.
Je le fusillai du regard avant de devoir laisser tomber cette stratégie parce que le nom qu’elle venait d’utiliser ne me disait rien, mais alors rien du tout.
- Lysandre ? Chapitre 41ère Partie: - Spoiler:
Elle s’arrêta de rire, me regarda et... Eclata de rire.
- C’est vexant, fis-je.
- Ha, ha, ha, desolé mais... Ha, ha, ha ! C’est comique ! réussit-elle à articuler entre deux rires.
Je lui tourna le dos et croisa les bras.
- Lysandre c’est le nom de ton Vampire.
- Ce n’est pas mon Vampire ! m’écriais-je excédée par l’entêtement de mon amie.
- On va être en... dit-elle soudainement coupée par une sonnerie.
Je me tourne vers elle et fronce les sourcils.
- C’est pas la sonnerie ça ?
- Si.
Il eut un blanc de quelques secondes avant que l’on se mette toutes les deux à courir. Grâce à mes habits « non conformes à la réglementation », c’est-à-dire habillée d’un short gris, d’un débardeur noir et des baskets et non d’un uniforme composé d’une veste coupée à la perfection, d’une jupe noire assez courte, de collants noirs et de fines chaussures, je réussis à ne pas être ne retard pour ce cours. Comme pour le précédent, les élèves étaient déjà là et finissaient de s’asseoir. La foule massée dans la pièce était impressionnante, nombreux et faisant un bruit incessant, je m’efforçai de rester calme avec tout ce monde autour de moi en respirant doucement. Me frayant un passage à travers la masse d’élèves, je lâchai un soupir de soulagement quand je sentis le bois dur de ma chaise. J’avais réussi à ne pas paniquer. Une première victoire à ne pas en douter. Le crissement du feutre sur le tableau blanc en contre bas de la salle attira mon attention. A en juger par ce qu’il était marqué nous étions en français.
- Bien, étant donné l’arrivée de la nouvelle chargée de discipline...
Immédiatement tous les regards se tournèrent dans ma direction. Je grimaçai et enfouit ma tête entre mes bras pour ne pas avoir à supporter le poids de leur regard peser sur ma personne.
- ... Nous allons commencer par un travail en binôme. Avec votre voisin vous allez lire des passages de poésie en y mettant le ton.
Cachée par mes bras, je souris, parler, lire de la poésie, tout ça n’est vraiment pas compliqué. Enfin, c’est que je pensais avant que je ne relève la tête et que je voie qui était mon voisin en question. Je crus bien m’étrangler d’ailleurs.
- Monsieur, je vous prie de bien vouloir m’excuser mais je ne pense pas qu’elle ait son manuel avec elle... observa une voix envoûtante étrangement douce.
LE Vampire. J’étais assise à côté du Prince de l’Air. Je me mordis la lèvre pour ne pas crier et fermai les yeux.
- Oh, oui vous avez raison...
- Je n’en n’ait pas besoin, le coupais-je d’une voix forte en rouvrant les yeux pour soutenir son regard sceptique.
Pourquoi est-ce que j’ai dis ça moi ? De nouveau toutes les têtes se retournèrent, certains étaient indignés que je sois en binôme avec lui, des filles d’après ce que je pouvais entendre et des protestations, de la part des garçons cette fois.
Je déglutis face à la foule en colère mais la voix dangereusement séduisante de mon coéquipier m’interpella.
- Damoiselle, si vous voulez bien commencer...
Je tournai mes yeux vers lui. Mes gestes restèrent figés le temps de quelques secondes avant de retrouver toute leur mobilité en voyant un sourire moqueur sur le bout de ses lèvres. Je serrai les dents, contenant mal ma colère aussi soudaine qu’envahissante, je gardai mes yeux ancrés dans les siens, soutenant vaillamment les yeux vairons du Vampire chargés de pouvoir.
- Quand, mal vu par le sort et les yeux des humains, Déplorant mon état de réprouvé sur terre, Je maudis mon malheur, de moi-même je me plains, Et fatigue le ciel de mon Cri solitaire ; ... récitais-je sans sourciller de garder les yeux dans les siens.
- Envieux de celui dont les vœux sont moins vains, De son cercle d’amis, de son talent à plaire, De la beauté d’un tel et de l’art de certains, Et jamais satisfait de ce que je sais faire ;
Quand parmi ces penseurs, dont le mépris de moi, Je songe à Vous,- soudain, dans la naissante aurore, Ma fortune, pareille à l’alouette, monte, compléta-t-il essayant de me faire détourner le regard.
Le ton était parfait, sa voix mélodieuse récitait avec maîtrise et justesse les vers prononcés avec une éloquence à en faire blêmir les plus grands orateurs. Il avait dit cela sans me quitter des yeux, m’offrant ces mots avec un charme fou et une tonalité sans pareille. Mon corps frissonna sous l’intensité mise dans ces quelques vers formulés avec une diction irréprochable. Nos yeux étaient plongés l’un dans l’autre, sans retenue.
- Qui êtes-vous ? m’interrogea-t-il.
Je laissai planer un certain silence entre nous ; il attendit patiemment que je réponde à sa question.
- Vous pouvez bien attendre jusqu’à ce soir, non ? le provoquais-je.
Si tôt les mots s’échappèrent de ma bouche que me mordis la lèvre, venant de me rappeler à qui je parlais. Je ne m’en excusai pas moins. Hors de question.
- Vous êtes assez insolente, je ne fais que poser une question.
- Vous vous renseignez oui ! m’écriais-je.
Décidément je n’arrive pas à être agréable, mais c’est de sa faute, c’est lui qui m’adresse la parole. S’il s’en tenait seulement au travail je n’aurais pas à être si désagréable.
- Et chante au ciel, bien loin d’une terre de honte, Et votre amour très douce et brillante me dore, Et me fait riche au point que j’en dédaigne un roi. Terminais-je en serrant les dents.
La sonnerie sonne, mettant fin à mon supplice. Je me lève aussitôt, faisant mine de ne pas être dérangée par les yeux vairons du Vampire fixés sur moi et sors de la pièce. A peine sortis je m’écroule. Ma respiration devient chaotique, saccadée. Instinctivement je porte une main à ma gorge comme pour m’assurer que je ne saigne pas. Non, pas de sang, pas de liquide chaud au goût de rouille sur mon corps. Mais alors... ? Mon corps est parcouru d’un spasme, convulsif, soudain, qui s’emploi à me brûler de l’intérieur. Un léger gémissement franchit mes lèvres. Péniblement, je me relève et me traîne lamentablement sur le sol glacé de l’académie jusqu’à ce que je trouve un coin sombre, loin de tout où je pourrais récupérer. Si seulement je pouvais m’endormir. Une voix. Douce. Mais pénible. Je veux être tranquille, juste pouvoir fermer les yeux. Un instant. Rien qu’un instant...
- Hé !
J’ouvre peu à peu les yeux, l’esprit embrumé dans un voile impénétrable qui s’efface peu à peu, lentement.
- Sa va ?
Je cligne des yeux et soudain ma vue revient. Je suis coincée dans un recoin et un inconnu est penché au dessus de moi, inquiet. Il est beau, magnifique même. Ses cheveux sont bruns, parsemés de multiples reflets chocolat qui ajoute en charme à sa personne. Les yeux verts émeraude, ils possèdent une certaine profondeur, intense elle aussi qui me rassure. Le teint de sa peau hâlé lui donne un petit côté exotique qui fait admirablement bien ressortir l’émeraude de ses yeux si expressifs. « Tout le contraire de Lysandre », remarquais-je alors que le jeune homme semblait toujours attendre une réponse de ma part.
- Je vais... Bien. Merci.
Il me regarde, sceptique. Je tente de me relever mais je sens encore la douleur qui m’étreint. Je me mords la lèvre mais le jeune homme l’a remarqué. Il me tend alors sa main pour laquelle je ne me fais pas prier.
- Je m’appelle Cam, se présente-t-il un sourire aux lèvres.
- Cam ?
Il sourit.
- Cameron mais je préfère Cam, et toi ?
J’hésite mais cède finalement.
- Awel, dis-je, arborant moi aussi un sourire.
- Très joli, commente-t-il.
Ses lèvres s’étirèrent alors en un sourire ravageur. Mon cœur s’arrêta mais je n’y avais pas fait attention, la mienne étant totalement accaparée par Cam. Entièrement. Un charme félin dessine son sourire enjôleur. Je tente bien de repousser le sentiment d’émerveillement qui me tient mais le jeune homme me regarde avec des yeux émeraude aussi brûlant que des braises. Un feu qui me dévore. Je fais un pas de côté pour me défaire du contact chaud de sa main contre ma peau mais je bascule en arrière. Rapide, le jeune homme me rattrapa avant même que mes pieds ne touchent le sol et me retrouva dans ses bras. Contre lui. J’avais la bouche sèche et la voix cassée si bien que ses yeux émeraude eurent tôt fait de me prendre au piège. Intenses.
- Lâche-la Cameron, tout de suite, ordonna froidement une voix derrière nous. Chapitre 4Partie 2 - Spoiler:
L’intervention soudaine de la voix me fit sursauter. Mais pas Cam. Lentement, très lentement, il me remit debout et se sépara de moi. Je me retourne et fus assez surprise de voir le Vampire nous observant avec une expression dure sur le visage. Non, froide. Les traits de son visage sont parfaitement neutres, impassibles mais ses yeux sont... Furieux. Ses yeux vairons d’ordinaire exempt de toute émotion étaient maintenant constitués d’une colère noire, glacée. Je frissonnai, l’air était bien trop lourd, chargé d’émotion. Trop d’émotion.
- Lysandre, que fais-tu là ? demanda effrontément le jeune homme aux yeux de braise.
« La situation va de pire en pire », pensais-je en fermant les yeux pour ne pas avoir à rencontrer ceux des deux garçons dont l’un était aussi froid que la glace.
- Tu ne devrais pas être là, fit observer Lysandre avec ce ton toujours aussi glacial.
Cam haussa les épaules. Je n’avais pas vu le coup arriver. Aussi soudainement que j’avais faillit m’étaler avant qu’il ne me rattrape, le jeune homme mit son bras autour de mes épaules et me serra contre son corps. Chaud. Etonnée, je le regarda avec une perplexité qui le fit sourire mais se détourna de mon visage pour faire face à Lysandre.
- Je faisais connaissance avec notre si jolie chargée de discipline, expliqua-t-il simplement.
Moi qui avais cru que les yeux vairons du Vampire ne pouvaient pas devenir plus froids, et bien j’avais tort. A peine Cam avait-il posé son bras sur moi que l’air s’épaissit. Etouffante. Suffocante. Je déglutis péniblement mais la tension entre les deux était si épaisse que j’aurais pus la découper sans mal au couteau si j’avais pus. Mais non, je pouvais à peine respirer alors le moindre geste aurait sans doute provoqué un malaise.
- Vous avez l’air de bien vous entendre mais nous devons y aller. Cameron, excuse-toi auprès de la demoiselle et partons, ordonna impérieusement le beau Vampire.
Je clignai des yeux, venait-il bien de dire que le beau brun était un Vampire ? Je me tournai vers Cam avec des yeux perdus. Il me sourit tristement embrassa mon front et disparut, me laissant complètement désorientée. Je m’adossai contre le mur le temps de reprendre mes esprits. Inspiration. Je récapitulai ; à la sortie du cours je m’étais effondrée sur le sol, le corps tordu par la douleur et un beau mec était penché sur moi, lequel qui, au passage, est de la même catégorie que Lysandre, soit un Vampire. Expiration. Je me sépare du mur et me met à courir dans les immenses couloirs déserts de l’académie. Je suis seule. Encore une fois... La sonnerie vient de sonner au moment même où je passe la porte de la salle de classe. Epuisée, je m’écroule sur la chaise et pose ma tête sur mes bras croisés sur la table. Je soupire.
- Qu’est-ce que tu as ? m’interroge une voix.
Je jette un coup d’œil et remarque qu’il s’agit de Rosalya. Je me redresse péniblement sur ma chaise et lui souris.
- Vampires, expliquais-je simplement.
Elle sourit et je sus que j’avais éveillé sa curiosité.
- Je t’expliquerais un peu plus tard, la devançais-je, quel cours sinon ?
Elle rigola de ma prévenance ce qui nous valut un regard de réprimande de la part de l’enseignant qui nous amusa plus qu’autre chose mais lui ne s’était rendu compte de rien.
- Maths, m’apprit-elle avec une grimace
L’enseignant était de nouveau plongé dans son cours, expliquant avec une passion amoureuse l’Art suprême des suites mathématiques. Je réprimai un soupir et me contenta d’une moue désespérée faisant rire mon amie. Tout le monde s’étant mit à parler, le professeur abandonna l’idée de me faire des remontrances. L’après midi passa. Lentement. Trop lentement. Les secondes ainsi que les minutes défilèrent. Mes pensées étaient entièrement accaparées par un certain Vampire aux yeux vairons qui n’avait de cesse d’hanter mon esprit. Je ne sais pas pourquoi mais j’avais le pressentiment, à force de me repasser mentalement le petit « accrochage » entre Cam et Lysandre que l’intervention de ce dernier n’avait rien avoir avec le hasard. « Alors quoi ? Le gentil petit Vampire aussi froid qu’un glacier te suivait pour éviter qu’il t’arrives quelque chose ? » se moqua durement la partie rationnelle de mon cerveau. Je soupirai de consternation, je ne savais toujours pas la raison pour laquelle le Prince avait si sèchement ordonné à Cam de me lâcher. « Il a l’air si sympa », pensais-je avant que mon côté rationnel n’explose de rire. « Tu es d’une sottise des fois ! ». Sur ce coup je dus bien avouer qu’elle avait raison, un Vampire, quel qu’il soit est toujours un prédateur, une leçon que je ne devrais pas oublier, surtout étant donné ce que ça a donné avec May... Oh May, pourquoi ? Une larme discrète roule sur ma joue. Machinalement, je l’essuie et tente de ne plus penser à elle mais ma pensée soudaine pour elle me rappelle combien elle me manque, que cette déchirure dans mon âme ne s’est jamais complètement guérie. Malgré le soutien de ma famille et celui de mes amis et la compréhension dont ils peuvent faire part, ils ne comprendront jamais... Jamais. Je passai le reste de l’après midi perdue dans l’obscurité croissante de mes pensées, tantôt me réprimandant pour une faute que je n’avais sans doute pas commise ou m’apitoyant sur la perte de May. La torture morale dans laquelle je m’étais enfermée ne prit fin que lorsque retentit la sonnerie à la mélodie terne dans la salle de classe. Je partis aussitôt, je n’avais eu de cesse de penser à elle mais il fallait maintenant que je revienne dans la réalité. Levant les yeux vers une pendule murale, mon cœur me sembla rater un battement ; il était l’heure. Je sortis du bâtiment et emprunta un sentier qui, d’après un plan que je tenais en main, m’indiqua le chemin à suivre. Perdue dans mes pensées, le trajet ne sembla durer que quelques minutes tout au plus mais je m’arrête net. Devant moi une immense bâtisse me faisait face, la structure ancienne de celle-ci semblait attester de l’époque de création de la totalité de l’académie, vieille. Faite en une pierre taillée, elle était aussi imposante qu’une de ces grandes mais magnifiques demeures de l’époque victorienne, l’époque de nobles. J’admirai les formes voûtées des fenêtres en arc de cercle et m’avançai sur le perron en pierre sculpté en rambarde sur les extrémités. Alors, d’un geste timide qui ne me ressemblait pas, je respirai et frappai contre la porte en bois de chêne. J’avais frappé un peu trop fort et grimaçai mais ne me plaignit pas, il en fallait plus pour ça.
Le sang coulait, se répandant abondement dans la pièce et sur... May ! Ses yeux d’ordinaires si vifs et si joyeux s’éteignaient, lentement, et comme si elle venait d’avoir vu passer un ange, me sourit.
La porte s’ouvrit sans un grincement, me ramenant subitement dans la réalité qui m’occupait l’esprit. Le sourire aux bouts des lèvres, les cheveux légèrement en bataille et un uniforme impeccable. Un Vampire.
- Mademoiselle ? Chapitre 5- Spoiler:
- Mademoiselle ?
La voix du Vampire me ramena sur terre. Je levai les yeux et rencontrai les siens, séducteurs et prédateurs. Terrifiant.
- Je suis la nouvelle chargée de discipline, me présentais-je.
Il m’étudia, m’examina du plus profond de ses yeux carmin qui s’étaient soudainement réchauffés. Prenant conscience de qui j’étais, il s’effaça de l’entrée de la porte pour me laisser entrer. Un sourire sur les lèvres, il m’invita à entrer et mes pas suivirent tous seuls. La pensée que je me sois jeté dans la gueule du loup me parvint. Après tout, je ne suis qu’une fille du Feu, bon d’accord une Guerrière mais malgré mes talents du maniement des armes je ne pense pas faire le poids par rapport à la vitesse et à la force sans pareil des Vampires. « Surtout que je suis dans leur nid là », regrettais-je soudain de ne pas avoir emmené un bon katana avec moi, histoire de. Toutefois je fus stupéfaite par l’intérieur de la bâtisse, c’était vraiment magnifique. Du même style que celui de l’extérieur du bâtiment, je ne pus que rester admirative devant une telle œuvre. L’entrée, grande et spacieuse donné sur une immense porte en bois sur laquelle des symboles avaient été gravés et sur sa droite, un antique escalier en pierres blanches récemment rénové. Le sol était pavé de dalle de marbre qui devait sans aucun doute coûter une vraie fortune ! De toute façon les Vampires sont toujours très riches même si je ne sais comment ils font, enfin ils doivent être bien aidés avec leur charme naturel. Mais je ne suis pas là pour débattre de leur richesse, plutôt pour rencontrer les habitants Vampires de l’académie. Ce qui n’est franchement pas mieux. Il faut cependant avouer qu’ils ont un certain goût en matière de décoration ces Vampires !
- Qui es-tu toi là ? minauda une voix aigue qui me tira de mes pensées.
Je levai les yeux et la Vampire que je vis me coupa le souffle ; elle était d’une beauté incroyable. De longs cheveux blonds légèrement bouclés lui tombaient en une cascade dorée dans toute la longueur de son corps fin. Des yeux turquoise intenses me fixaient avec une hostilité à faire froid dans le dos tant la puissance émanait d’elle. Sa peau blanche étant en accord parfait avec les traits graciles et majestueux de son visage délicat. Elle attendit que je réponde mais je n’avais rien à lui dire et gardai le silence, ce qui sembla l’énerver. L’énervement lui arracha une grimace de frustration quand deux autres Vampires arrivèrent. L’une était hautaine mais belle, comme tous les autres Vampires d’ailleurs. Le port de tête altier et les yeux perçants, elle posa sur moi un regard plein de dédain qui me figeai plus encore que je ne l’étais déjà. Ses cheveux étaient rattachés en une longue queue de cheval élégante et soignée qui s’accordait avec la personnalité minutieuse qu’elle semblait avoir. Les yeux étaient d’un marron chocolat qui attirait le regard et les cheveux d’un châtain tout aussi foncé qui accentuait le mépris figé sur son visage. La deuxième était tout le contraire de la belle brune hautaine. Asiatique, ses traits légèrement tirés lui donnaient un côté exotique qui était assez plaisant à voir. Les yeux aussi noirs que le charbon, elle avait un rouge à lèvres grenat qui contrastait avec le teint blanc de sa peau. Autant les trois jeunes femmes étaient différentes, autant la froideur hostile de leur regard pour moi était facile à comprendre ; elles ne voulaient pas de moi. Bien, elles ne m’aiment, je ne les aime pas non plus. Le verdict est clair et sans appel, sans retour possible.
- Je viens pour faire connaissance avec les vôtres, éludais-je sa question précédente.
Le ton employé était poli, neutre. Sans émotion. Même si je leur avais adressé, la parole, ce qu’il aurait bien fallut faire durant la soirée, je ne leur avais toujours pas dit que j’étais la chargée de discipline. De toute façon ça n’aurait fait qu’empirer les choses.
- Comme si j’avais l’envie de connaître une Norch, cracha-t-elle visiblement dégoûtée.
Mon sang ne fit qu’un tour entendant l’insulte franchir ses lèvres poudrés de je ne sais quel maquillage pour en cacher la banalité. Si l’atmosphère était tendue jusque là, elle devint alors lourde, pesante. L’affront avait jeté un froid qu’il n’appartenait qu’à moi de briser. Je fermai les yeux, bercée par une colère sourde qui montait en moi, emportant tout reste de comportement neutre et poli. Les paupières fermées tremblantes de mes yeux s’ouvrirent et je fixai avec aplomb la Vampire qui m’avait insultée. Un glapissement effrayé franchit le seuil de ses lèvres et la peur s’installa. Je m’avançai lentement dans le hall somptueux de l’entrée et m’arrêta seulement quelques pas après. Même si je ne m’étais que peu avancé, elle recula et se retrouva coincée contre le mur de pierre. Je savais très bien pourquoi elle avait peur de moi, de ce qu’elle pouvait voir dans l’obscure profondeur de l’acier tranchant de mes yeux. L’acier avait d’ailleurs était remplacé par un gris d’argent lumineux qui illuminait mes yeux. Le Pouvoir. Ce que tout membre d’un Peuple possède. Pour moi, c’est spécial, mon Pouvoir n’est pas qu’une arme que je peux utiliser comme je l’entends mais une partie de mon être, une extension. Une force. Les Vampires, sont des créatures de la Nuit, quoi qu’on en dise et quoi qu’on en pense. Les atouts majeurs de leur condition sont la justification de leur rang, plus un Vampire a de Pouvoirs, et plus il est considéré comme puissant. La rapidité, la force, le maniement d’armes, le combat au corps à corps, tous, sont des talents qu’ils se doivent d’exploiter au mieux pour atteindre le plus haut rang possible. Mais il y a une chose contre laquelle ils ne peuvent lutter ; le Feu. Ce même Feu qui habite mon corps et qui me permet de manipuler mon Pouvoir car en tant Guerrière, je peux utiliser le Feu sacré sans que je finisse le corps complètement calciné et l’esprit rendu fou de douleur. Seuls ceux comme moi le peuvent d’ailleurs, les autres, ils finiraient par devenirs déments, torturés par la souffrance. Même ceux de mon Peuple. Chaque Guerrier a sa propre Marque ; l’emblème et la puissance de son Pouvoir.
- Insulte-moi encore une fois et il ne restera que des cendres de ton si précieux corps, la menaçais-je la voix débordante de mon Pouvoir.
Les membres de son corps tremblèrent. Violement. Pourtant le ton de ma voix avait été calme, froid et impérieux. Comme la flambée soudaine d’un feu de paille, le Pouvoir disparut de mes yeux et l’acier reprit le dessus. J’attendis patiemment. Il lui fallut quelques secondes pour redevenir la garce qui m’avait si chaleureusement accueillit, les yeux brûlants de rage.
- Espèce de sale petite...
- Ambre, reprit fermement une voix encore plus glaciale que dans mon souvenir.
Tout le monde se tourna, du Vampire qui m’avait ouvert jusqu’au trio de Vampires femelles qui me méprisait depuis le haut des marches de l’escalier. Sur le seuil de l’immense porte en bois, Lysandre observait Ambre avec une expression si froide qu’elle aurait bien put se transformer en statue de glace. La jeune Vampire se mordit la lèvre avec considération et une lueur de respect envers le Vampire qui venait de la réprimander.
- Mademoiselle, veuillez, je vous prie nous attendre dans la salle de réception, me fit part Lysandre.
J’ouvris la bouche mais la voix d’un certain Vampire m’en empêcha.
- Je l’accompagne, proposa Cam qui venait d’apparaître.
Il n’en laissa pas le temps de répondre à Lysandre qu’il se dirigea vers moi, ce même sourire ravageur aux lèvres. Arrivé à ma hauteur il me proposa son bras que je regardai avec des yeux ronds, pas vraiment habituée à ce qu’un Vampire veuille me conduire si galamment à un endroit. « Peut-être parce que j’ai du mal à penser qu’un Vampire puisse être « gentil » ? », pensais-je en continuant de fixer son bras tendu.
Les yeux rouges assoiffés de sang. J’ai peur. Comme May, mais elle ne le montre pas. Je dois être forte, pour elle. Une larme solitaire roule sur ma joue. Oh May... Pourquoi ? Les pas se rapprochent. Mon cœur se serre de douleur mais je ne peux pas faire autrement, elle m’est trop chère pour que je puisse si facilement éloigner mes pensées d’elle. Trop présente dans mon cœur. Ancrée.
- Lily ?
Je lève des yeux écarquillés vers Cam, plongeant dans l’intensité brûlante de l’émeraude de ses yeux. Puis je me rappelle où je suis. Avec un sourire qui se veut rassurant, je glisse mon bras dans le sien. Le contact de sa peau contre la mienne est chaud et apaisant sans que je ne comprenne la raison des battements accélérés de mon cœur. « Attends... Sa peau contre la mienne ?! » J’écarquille les yeux et enlève soudainement mon bras de l’étreinte du sien. Là son visage affiche une expression surprise des plus amusantes mais je n’aie pas le cœur à rire.
- Awel ? Qu’est-ce qu’il y a ?
Je regardai autour de nous. Nous sommes dans la « salle de réception » mais je ne la détaille pas plus que ça. Je me plante devant Cam en prenant bien soin de ne pas être en contact avec sa peau.
- Pourquoi tu ne brûles pas ? pris-je soin de demander en gardant mes yeux acier dans les siens.
Il cligna des yeux, perdu par les événements.
- Brûler ?
Je commence à m’énerver, l’heure est grave, il a passé mes défenses et je ne sais pas à quoi c’est dû. Et surtout, je sais qu’il pourra recommencer quand bon lui souhaitera. Je ne veux pas finir comme May.
- Oui brûler !
L’énervement a fait place à la colère, celle de ne pas savoir comment il peut me toucher sans être brûlé, cramé ou calciné. J’inspire profondément. Calmement. Il faut que je me calme sinon je sens que je ne vais encore rien contrôler et risque de réduire en cendres la magnifique bâtisse. Un crime pour le génie qui a construit ce lieu. Expiration. Je souffle. Zen. Cam me regarde assez bizarrement mais finit par sourire. Calmée, je souris en excuse à mon comportement devenu si colérique.
- Pardon, réussis-je à articuler, je ne sais pas ce qui m’a prit.
Il se rapproche de moi et ébouriffe mes cheveux. Je lui lance aussitôt un regard noir qui le fait bien rire.
- Vengeance, explique-t-il un sourire aux lèvres.
J’esquisse une moue boudeuse qui le réjouit. Mon cœur s’arrête. J’ai soudain l’impression de voir une aura autour de lui. D’une chaleur douce, pas brûlante comme mon Pouvoir. Apaisante. Il est là, à quelques centimètres de mon visage. Je me demande ce qu’il lui prend, ce qu’il veut mais je n’ai pas le temps de plus réfléchir que ses lèvres se pose sur les miennes. Une douceur incomparable. Je ferme les yeux pour savourer la magie de l’instant. « Arrête ! », s’écrit une voix dans ma tête si bien que je rouvre les yeux et me sépare des lèvres chaudes du Vampire. Il veut ouvrir la bouche pour demander ce qu’il ne va pas quand la porte de la salle de réception s’ouvre soudainement. Il se tait et me regarde. Il hoche la tête presque trop imperceptiblement pour que je le remarque mais je voie une lueur dont je n’arrive pas à expliquer la signification dans l’émeraude de ses yeux. Les Vampires venant d’arriver prennent place autour de moi. Il doit bien en avoir une vingtaine. Tous aussi beaux, magnifiques. Dangereux. Comme si la proximité de trop de Vampires avait déclenché une alarme, je sentis une voix dans ma tête me crier de partir, loin de ces monstres. Le plus vite possible avant que...
- Vampires, je vous prie d’accueillir la nouvelle chargée de discipline en ces lieux, présente Lysandre.
C’est là que je deviens la cible de tous les regards. Déesse comme j’aurais aimé ne pas être là parmi tous ces prédateurs qui ne ferait qu’une bouchée de moi si l’envie leur prenait. Je frissonnai à cette sombre pensée mais garda un masque sans expression particulière sur le visage, je devais leur montrer que je n’ais pas peur d’eux, même si c’est le cas. Bluffer.
- Je me prénomme Awel, nouvelle chargée de discipline et membre du Peuple du Feu, annonçais-je en regardant bien froidement chaque Vampire qui me dévisageai.
J’avais finit par croiser le regard vairon qui me perturbait tant. Une veine dans son cou tressaillit, trop légèrement pour le remarquer mais il n’y avait que moi qui l’observais. Il croisa mon regard et je crus perdre la neutralité de mon masque. Il y avait une telle intensité dans ses yeux. Du désir... Je ne sais par quel miracle je pus me détacher de ses yeux vairons mais à peine eus-je finit ma présentation que je tourna les talons et partis. Du hall d’entrée j’entendis les murmures étonnés de l’ensemble des Vampires. Surpris ? Ils ne sont pas aux bouts de leurs peines alors.
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